L'HISTOIRE DE LA POULE CHANTECLER
En 1919, la Chantecler est à l’honneur à la première conférence nationale canadienne sur la volaille. Elle est ensuite reconnue officiellement comme race en 1921 et devient très rapidement la préférée des fermiers québécois.
Cette poule rustique qui n’a pas peur des hivers rigoureux, qui est une bonne pondeuse toute l’année, qui offre une chair intéressante et un plumage blanc comme la neige. Trop beau pour être vrai? Eh non !
Élaborée par le frère Wilfrid de l’Abbaye d’Oka entre 1908 et 1919, la Chantecler est née de croisements entre plusieurs races. Elle est la seule race reconnue de volaille ayant été élaborée au Canada. Le frère Wilfrid veut créer une poule sur mesure pour le climat et les modes de production agricole du Québec du temps. Le coq Chantecler a une crête et des barbillons plus petits qui le rendent moins vulnérable au gel et la poule Chantecler est une très bonne pondeuse d’hiver. Elle pond jusqu’à deux fois plus que les autres races. Et comme les poulaillers ne sont à l’époque ni chauffés ni éclairés, la résistance au froid et au manque de lumière sont des avantages considérables pour cet animal.
On en retrouve dans presque toutes les fermes jusque dans le milieu des années 1950, où sa popularité chute progressivement avec l’arrivée des races hybrides spécialisées et des modes de production à plus grande échelle. Son caractère de poule à deux vocations n’est plus aussi recherché, les producteurs se spécialisent soit en production d’œufs, soit en production de viande.
Les années passent et la Chantecler tombe dans l’oubli. Si bien que dans les années 1970, on la croit carrément disparue. Mais un agriculteur passionné, André Auclair, en retrouve éventuellement quelques petits éleveurs qui l’ont préservée. En 1999, elle est consacrée race patrimoniale québécoise et une poignée de producteurs de volailles dévouent leurs efforts afin de faire croître la population et la réintroduire sur les marchés de consommation et en restauration.
Si la poule Chantecler n’est aujourd’hui plus en danger, la population devra apprendre à la connaître et à la cuisiner. Pesant entre 2,5 et 3,9 kilos, c’est une poule charnue, dotée de belles grosses cuisses généreuses et d’une viande très savoureuse. Comme c’est une race rustique et ancestrale, sa chair est moins tendre que le poulet industriel. Elle s’apparente plus aux poules d’appellations françaises comme la poule de Bresse. Il faut donc la cuire lentement pour que sa chair soit tendre.
La production de poules Chantecler demeure pour le moment marginale, mais elle suscite l’intérêt des restaurateurs, des gourmets et des gentlemen farmer. Toujours sous l’égide d’André Auclair, des producteurs s’affairent à la faire reconnaître comme une appellation réservée auprès des autorités gouvernementales. Cela permettra d’en préserver les qualités, d’encadrer les méthodes de production et d’en protéger l’usage du nom.