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L'HISTOIRE DU SIROP D'ÉRABLE

Une légende amérindienne veut qu’un certain Manabush ait eu l’idée de faire bouillir l’eau d’érable. En des temps reculés, c’était en fait du sirop qui coulait des arbres. Jugeant que les hommes y avaient accès trop facilement, Manabush grimpa au haut d’un érable, chargé d’un contenant rempli d’eau, et y versa le contenu. Le suc dilué obligea les hommes à en faire la récolte et à en surveiller patiemment la cuisson. (1)

C’est l’une des nombreuses légendes sur le sirop d’érable laissées par les Premières Nations (2). Si ces dernières reconnaissaient les vertus fortifiantes et médicinales de la sève, elles se plaisaient aussi à la transformer en sirop (3) durant cette période que les Attikameks appelaient le sigon, le préprintemps (4). La récolte commençait à l’apparition de la première pleine lune (5), la lune de sucre, ou, pour certains, à celle du bruant des neiges, l’oiseau de sucre (6). Les techniques d’entaille de l’érable, appelé Michtan ou Couton, variaient selon les nations (7). Des goutterelles de bois, petites lamelles enfoncées au bas des arbres, permettaient l’écoulement de l’eau recueillie dans un récipient d’écorce (mokuk), de bois ou de céramique posé à même le sol (8). Pour l’évaporation de l’eau, on y plongeait des pierres brûlantes. D’autres nations, comme les Hurons et les Iroquois, utilisaient un chaudron de terre cuite suspendu au-dessus d’un feu (9).

Les textes anciens révèlent que les Européens furent rapidement séduits par l’eau d’érable et le sirop. En 1557, André Thévet, cosmographe du roi de France, décrivant une expédition de Jacques Cartier en 1536 ou 1542, raconta cette anecdote à propos d’un érable : «quelcun le voulant coupper en faillit un suc, lequel fut trouvé d’autant bon goust, & delicat, que le bon vin d’Orleans ou de Beaune(10). » Les illustrations d’époque démontrent que les Français utilisèrent au départ les techniques amérindiennes de récolte de la sève (11). L’arrivée, en provenance d’Europe, des chaudrons de métal, qui toléraient des températures plus élevées, permit la fabrication du sucre d’érable (12). En 1700, Agathe de Repentigny, une femme d’affaires de Nouvelle-France, envoyait d’ailleurs des dragées de sucre d’érable à Louis XIV, qui dit-on, s’en délectait (13).

Les techniques de cueillette et de transformation n’ont cessé d’évoluer. La goutterelle est devenue un chalumeau de bois, ensuite de métal (14). Pour contenir l’eau, le seau de bois est passé au seau de métal, puis à la tubulure d’un érable à l’autre (15). Pour la cuisson, le traditionnel chaudron de métal suspendu au-dessus d’un feu en plein air a été remplacé par un évaporateur, pour lequel les frères Small ont obtenu un brevet en 1889. Dans les années 1980, on inventa l’osmose inversée, qui permet de retirer une portion de l’eau avant la cuisson (16).

Comptant environ 13 500 acériculteurs, le Québec produit plus de 70 % de la production mondiale de sirop d’érable (17). En 2011, des chercheurs ont découvert une molécule aux vertus anti-inflammatoires, le québécol. La production d’une synthèse de cette molécule pourrait éventuellement être utilisée à large échelle comme médicament (18).

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1. Le temps des sucres, Jean-Claude Dupont – Éditions GID – 2004 p. 159 
2. Le temps des sucres, Jean-Claude Dupont – Éditions GID – 2004 – pp 156 à 161
3. Le temps des sucres, Jean-Claude Dupont – Éditions GID – 2004 – p.38 / Le livre du sirop d’érable pp.11 et 13 / L’eau d’érable, Sylvie Roberge, Michel Noël, Béatrice Leclercq, Dominique & cie 2008 p. 2 / Exposition permanente - Musée La Maison amérindienne, Saint-Hilaire / Site Historicacanada.ca
4. Documentaire Les six saisons Attikameks – Films d’ici – 1983 – Real. : Pierre Hivon et Pierre Dinel
5. Le temps des sucres, Jean-Claude Dupont – Éditions GID – 2004 p. 49/ Site Historicacanada.ca
6. Exposition permanente du musée de La Maison amérindienne, Saint-Hilaire
7. Le temps des sucres, Jean-Claude Dupont – Éditions GID – 2004 p. 47 / Site siropderable.ca
8. Exposition permanente du musée de La Maison amérindienne, Saint-Hilaire 
9. Le temps des sucres, Jean-Claude Dupont – Éditions GID – 2004 p. 38 / Exposition permanente – Exposition du musée de La Maison amérindienne, Saint-Hilaire / L’eau d’érable, Sylvie Roberge, Michel Noël, Béatrice Leclercq, Dominique & cie 2008
10. Site J’aime l’érable, Les textes fondateurs.
11. Le temps des sucres, Jean-Claude Dupont – Éditions GID. P. 67
12. Site de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec - L’origine du sirop d’érable.
13. Site J’aime l’érable, Les textes fondateurs.
14. Le temps des sucres, Jean-Claude Dupont – Éditions GID – 2004 p. 71  
15. Le temps des sucres, Jean-Claude Dupont – Éditions GID – 2004 pp. 74 à 78 
16. Site J’aime l’érable, Les textes fondateurs.
17. Rapport annuel de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec 2015 / Site J’aime l’érable, Les textes fondateurs.
18. Site - Radio-Canada.ca/Nouvelles 22 déc. 2015.